Malgré l’évolution rapide des moeurs, les Indiens ont pour tradition de garder les ancêtres auprès d’eux, à la maison. Les vieux sont dignes de respect; on doit leur être reconnaissants car ce sont eux qui se sont occupés des enfants et des parents, ils sont passés par toutes les étapes de l’existence, ils ont acquis expérience et sagesse et méritent enfin de se reposer. La fin de vie n’est pas une dégradation mais un devoir accompli. En opposition à cet arrivage occidental tristounet, la jeunesse sautillante du jeune propriétaire du Marigold Hotel est incarnée par l’inévitable Dev Patel, inoubliable Slumdog Millionnaire, et un peu moins inoubliable Prince Zuko dans The Last Airbender. « Vous voulez un indien dans un film? Appelez Dev Patel! », me suis-je dit, moqueuse. Mais le jeune acteur m’a séduite; son humour et son énergie, son accent indien impeccable et son langage fleuri contrastaient agréablement avec la flegme des vieux British pourtant animés eux aussi par leur quête personnelle. Bien sûr, jeunes comme vieux, chacun va apprendre une nouvelle leçon sur lui-même; car il n’est jamais trop tard pour changer, pour changer sa vie, jamais trop tard pour réaliser ses rêves, jamais trop tard pour aimer, et bientôt la solitude des retraîtés ira rejoindre l’énergie virvoltante du garçon en quête d’un avenir pour conclure sous le soleil de Jaipur, qu’on a toujours besoin d’un plus âgé que soi…